La révolution tunisienne avait des certitudes. Au lendemain du 14 janvier 2011, elle avait tellement montré de belles choses qu’elle donnait l’impression de s’attribuer de la vertu, de la décence, de la moralité. Peu de temps après, l’on s’est aperçu que les insignifiances et les dérives sont toujours là. Elles concernent encore et toujours des hommes, mais aussi des femmes, qui n’arrivent pas à se rendre utiles, et dont le mode de comportement fait de plus en plus système.
La méthode et le discours de certains députés, nouveaux et anciens, invitent à penser qu’ils ne répondent nullement aux aspirations et aux objectifs de la révolution. Privés de discernement, et surtout de clairvoyance, ils ont pris l’habitude de céder aux aléas, aux polémiques et aux accusations le plus souvent gratuites. C’est une grande frustration pour un pays dont la classe politique ne semble pas avoir assez de résolution pour changer. Pour évoluer. C’est toute l’impertinence dans sa version de tous les jours, de tous les maux.
Il faut dire que ces dérapages trouvent leur origine dans le manque d’autorité. L’incapacité à faire respecter la loi est liée au refus d’incarner une autorité associée à un ordre bien défini. Oui pour la liberté d’expression et d’opinion. Non, cependant, à la persistance de l’impunité.
Nous sommes conscients du fait que l’action politique est aussi faite d’erreurs et de maladresses, parfois inévitables, mais il y a des défaillances qui ne peuvent constituer une excuse aux dérapages. Tel le cas du député Fayçal Tebini dont le dernier post facebook à propos de l’hospitalisation de Rached Ghannouchi a choqué l’opinion publique. Le député en question n’en est pas à sa première. Il n’est plus difficile de comprendre que cela met à nu tous les dépassements qu’il ne cesse de se permettre sans scrupule et sans le moindre respect ni pour « ses adversaires », ni pour son statut d’élu et de représentant du peuple.
Le tort de Tebini et d’autres hommes politiques comme lui réside dans le fait qu’ils n’ont jamais retenu la leçon de leur excès de zèle, de leur empressement et de leurs jugements gratuits. Mais ce qui est vraiment inquiétant, c’est qu’ils donnent souvent l’impression de vouloir profiter de chaque malaise pour ressurgir, pour se faire une place au soleil. Ils amplifient les situations afin de montrer que les autres ont tort et ne sont pas en mesure de bien gérer.
C’est dire à quel point certains élus à l’Assemblée, dont le rôle est de participer au travail législatif et de contrôle du gouvernement, de déposer des propositions de loi en commission, ou en séance plénière, n’ont pas vraiment conscience de la réalité. Il est temps de faire régner à l’ARP un climat plus serein, assainir l’ambiance, essentiellement dans un environnement qui ne donne pas la priorité à une véritable politique de construction et d’édification.